L'art est nié

Ou la phobie des temps anciens

Retrouver ma liberté by Laëtitia Dauplet

9/29/20221 min read

Il était une fois, une petite araignée qui n’avait rien demandé.

Chaque fois qu’elle se baladait pour respirer l’air frais et choper quelques mouches, des visages effrayés faisaient la fine bouche. Pourtant elle était jolie dans sa petite robe noire Guerlain, caressée de parfum. Ces cils maquillés, son manteau de velours pailletés, ne charmaient point les passagers. À sa vue, bon nombre s’agitaient, parfois se renversaient ou s'évanouissaient. Tétanisés, paniqués, dérangés, elle avait beau sourire, ils voulaient tous déguerpir. Pauvre Aranéide, elle qui était si timide, était bien embêtée de les voir tous effrayés.

C’était déjà bien compliqué, de tisser toute la journée, à cause de malencontreuses intempéries ou de coups de balaie aux poils raidis, d’aspirateurs sans cœur et de torchons polissons qui continuellement détruisaient sa maison.

Pourtant elle ne faisait rien de mal, bien au contraire, sa toile était fatale aux insectes dérangeants qui nuisaient à l'environnement. Qu'il fut domestique ou agricole, elle débarrassait les sols ou les murs d’insectes ravageurs.

Elle n’était guère une tueuse d’Hommes, 200 tout au plus sur le globe exotique. Bien au contraire, insecticide biologique, elle tuait les moustiques bien plus diaboliques qui déciment chaque année 725 000 angéliques.

Quelle tristesse, de n’être pour les gens, qu’une hideuse bestiole semblable à la variole. Il lui était bien plus compliqué de vivre dans ce monde de géants qui la rejetait tout le temps. Même aux temps anciens, dans l'inconscient collectif, alors qu’elle a toujours était inoffensive.

Un peu de bonne volonté, pour supprimer le P et transformer la phobie en une activité appelée hobby. Car l’art est nié et rejeté dès le matin, cause de chagrin, mais apprécié en fin de journée, où l’espoir revient. Ce n’est qu’un vieux dicton périmé. Le 3.0 est plus adapté à la réalité. Araignée du matin, tout va bien. Araignée de l’après-midi, la vie vous sourit. Araignée du soir, gardons l’espoir.